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L’école maternelle : un lieu d’expériences sociales

Quid de notre accompagnement dans l’empathie, l’expression des émotions et la résolution de conflits ?

Notre quotidien en tant qu’enseignants de maternelle consiste aussi à accompagner les enfants dans leurs expériences sociales et émotionnelles. Lorsqu'un conflit émerge ou qu'un enfant nous fait comprendre par son comportement qu'il ou elle ressent un mal-être ou un inconfort, nous espérons tous un dénouement heureux. Voici quelques exemples de situations vécues qui nous montrent à quel point ces compétences sont aussi un apprentissage à part entière, et bien souvent ce sont les enfants qui nous surprennent.

« Tiens ! »

Nous avons à l'école une boîte de blocs magnétiques qui remporte un grand succès. Parfois, les enfants se joignent naturellement les uns aux autres pour travailler sur une construction commune, et c'est alors que souvent l'un d'entre eux va partager les jouets qu'il a en main pour faire participer tout le monde de manière équitable... c'est donc aussi l'occasion de travailler de manière inconsciente sur la notion de division.

« C’est normal… Mais ça va mieux »

Cette matinée-là, une élève de Moyenne Section avait accumulé les désagréments : nuit incomplète, dessin abîmé contre sa volonté, contrariété dans l’activité et robe mouillée par un autre enfant. C'en était trop. À un moment donné, elle est tout simplement devenue inconsolable. Je suis allée la voir, en essayant de la calmer et en montrant de l'empathie : « Je vois que c’est difficile ce matin pour toi. Si tu veux, pose-toi dans un coin et tu pourras ressortir quand ça ira mieux ». J’ai aussi demandé au reste du groupe de bien vouloir montrer de la patience et de la douceur envers cette enfant. La matinée passe, puis avant d’aller au parc, elle vient me voir et me dit : « Tu sais, ce matin, je n’allais pas bien. C’est normal : il a déchiré mon dessin, puis je n’ai pas réussi à faire le travail, et enfin, ma robe était mouillée… J’étais triste, c’était dur, mais ça va mieux ».

« Il faut réparer maintenant »

Les conflits sont nombreux à l’école : pour un jeu, un dessin, une incompréhension. Lorsque nous intervenons et que nous voyons un enfant qui pleure, nous demandons aux témoins de nous raconter ce qui s’est passé. Nous écoutons et alors nous reformulons la situation. C’est alors qu'il faut réparer. Souvent, nous donnons plusieurs choix aux enfants : dire pardon, faire un câlin, un bisou, ou faire un dessin. Ensuite, nous encourageons les enfants à travailler ensemble pour réparer les dommages causés.

« Pourquoi il pleure ? »

Entendre l'un de ses pairs pleurer fait souvent émerger des questionnements chez les enfants. Nous les accompagnons alors en verbalisant auprès de l’enfant concerné par le chagrin et pour expliquer le contexte aux camarades. Cela aide à mettre des mots sur les raisons de la tristesse ou de la colère. Les réponses des camarades sont souvent très belles et spontanées : il y a ceux qui vont directement aller voir le copain ou la copine pour le consoler sans un mot, il y a ceux qui réclament un mouchoir pour l’aider à se nettoyer le nez ou à sécher les larmes (réponse à un problème physiologique), et il y a ceux qui vont essayer de chercher le doudou d’emblée sans qu’on leur demande.

Je ne peux pas conclure cet article sans évoquer les câlins « gratuits » qui ont souvent lieu dans des moments inattendus, sans « raisons apparentes », et qui nous surprennent toujours. Ils sont, pour moi, tout simplement la preuve que les enfants éprouvent naturellement de l’affection pour les uns et les autres, et ce, peu importe ce qui s’est passé avant ou ce qui va se passer ensuite. C’est alors qu’il faut juste apprécier, car c’est aussi ça la joie de travailler avec des enfants.

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